« L’appel de la forêt »
« Quand l'aurore boréale brillait froide et calme au firmament, que les étoiles scintillaient avec la gelée, et que la terre demeurait engourdie et glacée sous son linceul de neige, ce chant morne, lugubre et modulé sur un ton mineur, avait quelque chose de puissamment suggestif, évocateur d’images et de rumeurs antiques. C’était la plainte immémoriale de la vie même, avec ses terreurs et ses mystères, son éternel labeur d’enfantement et sa perpétuelle angoisse de mort ; lamentation vieille comme le monde, gémissement de la terre à son berceau ; (…). » (pp. 66-67)
C’est en lisant Into the wild que l’envie de lire Jack London m’est venue. Je pensais y retrouver de magnifiques descriptions des paysages du nord mais j’ai vite compris que L’appel de la forêt se focalisait plus sur le parcours de Buck, chien-loup domestiqué et fier qui fut enlevé de son petit paradis de paresse pour partir vers le nord où il découvrit pour la première fois la neige. Dès lors, Buck devient un chien de trait exemplaire bien qu’il doive supporter les coups (de ses divers maîtres mais aussi de ses compagnons de voyage les chiens). Parcourir la forêt en tirant le traineau devient pour lui une passion bientôt effacée par la trop grande fatigue des durs voyages incessants.
Ce livre destiné à la jeunesse se lit sans grande difficultés. J’ai regretté de ne pas avoir été transportée dans le décor, ici enneigé, qui me procure d’habitude une sensation de manque après lecture. De même, j’ai trouvé Buck très orgueilleux, à toujours vouloir être le premier, le plus fort. Cela dit, L’appel de la forêt montre combien les hommes sont différents les uns des autres : le premiers sont tolérants et gentils alors que les derniers se montrent agressifs et impatients. La condition des chiens de trait, en cette période où les hommes vont au plus loin pour trouver l’or, m’a fortement marquée (cœur soudain trop fragile ?). Voir des animaux mourir sous les coups, la famine et la fatigue m’a complètement révulsée. Les hommes ayant recours à ces pratiques barbares devraient avoir honte !
En conclusion (oui, j’arrête mon pitch sur les droits des animaux), j’ai tout de même passé un bon petit moment à lire ce bouquin et crois bien que, pour la prochaine fois, je le lirai à mes enfants (attendons encore plusieurs années pour ça quand même ! ^^).
Clémence.
Jack London est décédé suite à un empoisonnement du sang. Et une rumeur court, comme quoi il se serait en fait suicidé. Quoiqu’il en soit, cette mort me semble assez particulière à mon avis pour entrer dans la première catégorie du challenge nécrophile !
L’appel de la forêt
Jack London
Collection Jeunesse 1988
187 pages
Première publication en 1962 aux Editions d’Antan
Traduit de l’anglais par Madame De Galard en 1906